lundi 17 janvier 2011

Croix de Brisy


1. Croix route de Rettigny 

Marie-Louise Zune (1933-1944),
voir monument ci-dessous







Nouvelle plaque commémorative  2023

Sur cette croix route de Rettigny est inscrit : ICI MOURUT TRAGIQUEMENT A L'AGE DE 11 ANS LE 22-11-44  MARIE-LOUISE ZUNE DE BRISY




L'instituteur Joseph André a rédigé un hommage à Marie-Louise
Ghislain André (élève du même âge) a lu ce texte, probablement à la chapelle de Brisy.
Lors de l'inhumation du corps au cimetière de Les Tailles, une autre élève Célia Dehez a fait de même, voir ci-dessus (écrit de sa main).  
 Pour une lecture plus aisée en voici le contenu :

Chère Marie-Louise,
Avec une poignante émotion, je viens accomplir le pénible devoir de t'adresser un suprême adieu, au nom d'un maître qui pleure une élève affectionnée et au nom des écoliers de Brisy, qui partagent le douloureux chagrin d'une famille cruellement éprouvée.
Quelle tristesse s'est emparée de nous, lorsque, mercredi soir, le bruit circulait au village que tu n'étais pas rentrée au foyer paternel !
Mais des larmes coulèrent de nos yeux lorsque, un peu plus tard, on annonçait que ton maître avait retrouvé ton corps ensanglanté, que tu avais été la victime innocente d'un misérable assassin !
Nous nous rappelions alors ces paroles si souvent entendues aux leçons de religion :
je mourrai, .. je ne sais où !
je mourrai, .. je ne sais quand !
je mourrai, .. je ne sais comment !
Une fois de plus cela se vérifiait ! Hélas ! le Bon Dieu a des desseins insondables ! Mais cette mort qui t'enlève à notre amitié, à l'affection de tes chers parents, est bien terrible !
Les souffrances que tu auras dû endurer pendant ta courte mais cruelle agonie t'auront certainement rendue immaculée auprès du Tout-Puissant et de ta Mère du Ciel !
Nous sommes tous convaincus que tu jouis là-haut du bonheur des élus !
Cela ne nous empêche pas cependant de remémorer ton bon souvenir.
Douée d'un caractère jovial, tu étais toujours l'animatrice de nos récréations !
L'une ou l'autre de tes camarades était-elle en peine, qu'elle trouvait aussitôt en toi la consolatrice attendue. Aussi dès ton arrivée à Brisy, en avril 1942, tu avais su conquérir l'estime de tous les écoliers comme de leurs maître.
En famille, tes frères et soeurs avaient en toi un ange protecteur qui veillait à chaque instant sur eux ; et tu étais pour tes chers parents, que tu aimais passionnément, une aide combien précieuse !
Tout cela n'a pas empêché le criminel d'accomplir son oeuvre et de semer dans toute la localité la plus grande consternation !
Car ta jovialité et ton amour du travail te faisaient aimer de tous et le deuil de ta famille devient pour ainsi dire un deuil public !
Le cortège ému qui se presse autour de ton cercueil, les larmes qui mouillent tous les visages disent, mieux que moi, l'immensité de ce deuil.
Puisse le concours de tant de sympathie atténuer un peu la douleur de tes parents qu'il serait téméraire de vouloir consoler.
Chère Marie-Louise, les écoliers de Brisy et leur Maître présentent à tes parents déplorés et à toute la famille leurs condoléances les plus sincères !
Ils conserveront toujours ton bon souvenir et l'image de ta figure souriante. Ils prieront pour toi souvent, et tireront de ta mort les leçons qu'elle comportent !
Tu as passé au milieu de nous comme une fleur que nous cueillons pour égayer un instant nos demeures et qui passent après nous avoir donné, pendant un moment éphémère, son parfum et sa beauté !
Au revoir, chère Marie-Louise, nous nous retrouverons là-haut auprès de Celui qui prononça ces belles paroles : Laissez venir à moi les tout petits enfants ...


Témoignage recueilli auprès de Lucienne André à Rettigny le 28 avril 2012  
A la demande de ses parents Marie-Louise  se rend à Rettigny au magasin d’alimentation pour uniquement y déposer des timbres de ravitaillement (*) qui devaient être rentrés avant la date d’échéance pour approvisionner des aliments. En fin de matinée, ce mercredi 22 novembre 1944, il pleut. Marie Louise quitte Brisy à pied et emprunte le chemin à proximité de la dernière habitation de Brisy pour rejoindre Rettigny au plus court. Ainsi elle arrive à l’entrée du village et est aperçue par Marie Favray, épouse de Prosper Vincent, qui est occupée au battage. Marie Louise est heureuse, elle marche en chantant et fait tournoyer son parapluie. Elle se présente au magasin et j'enregistre les timbres qu'elle me donne. Je lui conseille de patienter pour ne pas retourner sous la pluie. Elle me répond que son papa lui a demandé de rentrer pour le repas de midi et c’est sous la pluie qu’elle reprend la route principale vers Brisy. Elle va vers son terrible destin ... Eudore inquiet de ne pas voir rentrer sa fille, effectue le trajet jusqu’au magasin et m'annonce que Marie Louise n’est pas rentrée et n’est pas à Rettigny chez des connaissances. Des habitants de Brisy et des villages voisins participent aux recherches ...
Le dimanche3 décembre 1944, quatre officiers US  d'origines européenne, africaine et asiatique arrivent chez moi avec un gendarme de Gouvy. Ils demandent à me voir seule. Maman (Louise) refuse, mais rassurée par le gendarme Belge elle accepte. J'ai 20 ans et suis impressionnée de me trouver seule en présence de ces hommes. L’interrogatoire porte sur un militaire US qui a passé une nuit chez Michel Reis à Brisy et qui est venu acheter une bouteille de vin blanc le mardi 21 novembre 1944. Ce militaire US (probablement déserteur) m'avait laissé une mauvaise impression. Les officiers US recherchaient un maximum de données physiques et comportementales pour savoir qui était cet homme.
(*) timbres de ravitaillement  > voir rubrique "Epoque de guerre 1940-45"

Journal de l'Avenir du Luxembourg du 14 septembre 2006


Anecdote 12. Les gendarmes ferment le dossier
Eudore Zune, papa de Marie-Louise, (voir ci-dessus) achète une moto qui se révèle avoir été volée. Les gendarmes de Gouvy enquêtent chez Zune. L’interrogatoire se passe dans la chambre de leur maison à Brisy. Eudore semble ne pas les écouter et regarde inlassablement la photo de sa fille au-dessus de la porte. Les gendarmes lui demandent des explications et il leur répond que s’ils avaient montré autant de zèle pour retrouver l’assassin de sa fille, qu’ils en ont aujourd’hui pour une moto, le meurtrier serait connu. Les gendarmes ne connaissaient pas ce triste événement, ils ont quitté ce lieu sans jamais revenir.


En cette période de guerre, les moyens policiers nécessaires n’ont hélas pas été mis en place pour découvrir l’assassin de Marie-Louise Zune. La maman Emilia en a pleuré chaque jour toutes ses larmes.
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2. Croix route de Rettigny

Sur cette croix route de Rettigny est inscrit : "ICI A DÉCÉDÉ EN ALANT A LA GRAND MESSE A CHERAIN HONAITE ET PIEUSE PERSONNE FRANÇOISE LE BOULANGER ÉPOUSE A HUBERT LAMBORAY EN SONT VIVANT MAIEUR DE BRISY. LEQUEL A DÉCÉDÉ LE 22 JUIN 1777  RIP"



En 2015 la croix relatant le décès de Françoise Le Boulanger a été déplacée pour une question d'accessibilité.
Elle se trouve maintenant au pied de la côte en direction du village de Rettigny.
Les points GPS seront prochainement mentionnés sur le blog.

L'inscription mentionnée sur cette croix fait apparaître l'évidence de l'existence à cette époque d'un mayeur Hubert LAMBORAY à Brisy en 1777. Pierre LAMBORAY fut également mayeur en 1785. Antérieurement Brisy a disposé d'autres mayeurs, dont Jean TABAR en 1712, décédé en 1714.   
C'est à partir de 1504 que Brisy eut une mairie.
Jusqu'au XVIII ème siècle Brisy faisait partie de la paroisse de Cherain. Suivant les notes du Chanoine Gennart qui a travaillé sur les édifices du culte du diocèse de Namur, le village Brisy a été rattaché à la paroisse de Sommerain en 1808
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3. Croix route de Sommerain


Sur cette croix route de Sommerain est inscrit : Ici est décédé inopinément le 18 mars 1884 à l'âge de 52 ans le regretté Pierre Henri LECOO de LESTAILLES . Priez pour lui

Epoux de Emerence Lambert, il est décédé au travail lors de la rénovation de la route. Une pierre mortuaire semblable à celle-ci est encore visible au cimetière de Lestailles


A l'initiative de Paul REMY qui a réalisé en 11/2014 le muret et la dalle, cette croix a maintenant bien meilleure apparence
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4. Croix de mission, route de Sommerain

Photo de décembre 2017. Croix de mission mise en place après 1873. 
Suite à une tempête l'arbre a été déraciné en 2019 et la croix reconstruite avec l'aide de bénévoles locaux. Elle est maintenant disposée a l'endroit originel sur un nouveau socle en béton

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Historique des Croix de Mission
Suivant informations récoltées par Jean-Pol Mossoux

Au 19ème siècle, durant les années 1860, la France est une très grande puissance économique et militaire, avec à sa tête Louis Napoléon III neveu de Napoléon 1er. Cette France catholique est la protectrice de l’Eglise, du Vatican et de son pape.
Après 22 ans de règne, Napoléon III, très confiant et fort de sa puissance déclare la guerre à la Prusse le 15 juillet 1870. Cette déclaration de guerre fait suite à une mesquinerie politique, la dépêche de Ems
Les prussiens attaquent directement en territoire français, de grandes batailles ont lieu et à chaque fois les français perdent.
Les allemands prennent Sedan début septembre et Napoléon est fait prisonnier. Les parlementaires obligent Louis Napoléon à abdiquer. Et le 28 janvier 1871 l’armistice est signé et la 3ème république proclamée.
C’est une guerre éclair qui dure 6 mois, les  français perdent 238.000 soldats contre seulement 49.000 soldats allemands.
Comme toute guerre « Malheur aux vaincus »  la France paye 9 milliards de franc or (ce qui est énorme pour l’époque) et cède l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne. Elle subi aussi l’occupation de l’armée allemande pendant 3 ans.
 La France affaiblie, appauvrie, humiliée et isolée, mettra 10 ans à réparer ses dommages matériels et à rétablir son équilibre moral.
NB : Lors du traité de Versailles le 21 juin 1919, (fin de la guerre 1914-1918) la France et ses alliés imposent à l’Allemagne des conditions humiliantes.
Le 28 janvier 1871, changement et bouleversement géopolitique important. Dorénavant, l’Allemagne domine et ¾ de son peuple est protestant.  (Un protestant est un chrétien qui ne reconnaît pas l’autorité du pape) 

La situation devient périlleuse pour notre pape Pie IX  (le pontificat le plus long de l’histoire : 32 ans. Pour mémoire, Jean-Paul II, le 2ème  plus long pontificat, 27 ans).  Le Pape ne dispose plus de la protection française. Les Italiens l’attaquent et il perd les états pontificaux en Italie, ainsi que la ville de Rome et il n’a plus qu’un seul territoire, la cité du Vatican (tel qu’on la connaît aujourd’hui 44ha) Il subit les rebellions protestantes en Suisse (1873) et est en conflit spirituel direct avec le chancelier allemand Otto von Bismarck.
Pour contrer cette situation, reformer ses bases et mettre l’opinion publique de son côté. Il décide de ré-évangéliser les catholiques en restaurant les pratiques religieuses, car il a peur des protestants. C’est ainsi que l’église met en place une grande campagne de ré-évangélisation de nos campagnes en envoyant tout azimut des missionnaires qui vont parcourir l’Europe catholique.
C’est le temps des missions, période où chacun doit se remettre en cause et repartir d’un bon pied dans la vie chrétienne.
è Pour marquer cet évènement de ré-évangélisation, une très grande croix est érigée dans chaque  village évangélisé.
Cette croix de mission a trois objectifs :
1/ Rappeler quotidiennement aux villageois leur engagement catholique
2/ Devoir de commémorer annuellement cette croix
3/ Informer les passants de leur présence en territoire catholique

Avant cette période :
- En 1572, pour tenter de contrer l’influence potentielle des protestants, Catherine de Médicis fait trucider tous les protestants de France le jour de la St Barthelemy.
Après la révolution française de 1789, les républicains ont confisqué les terres de l’Eglise pour garantir leurs assignats (monnaie).  
-  En 1815, après la bataille de Waterloo, la Belgique tombe sous le joug des Hollandais protestants qui mènent la vie dure aux curés catholiques. A partir de 1820, Brisy perd son curé qui disparaît  à cause des Hollandais. Le presbytère de Brisy étant vide, il est mis en location en 1823 à un étranger, un certain Strape. Antérieurement, Jean Tabar était prêtre vicaire à Brisy, il décède le 23 février 1764. En 1794, Jean-Louis Lamboray de Fontenaille était prêtre vicaire à Brisy (Cette dernière information n'est pas vérifiée). Le vicaire était nourri par la population et en échange, il enseignait aux enfants et célébrait les offices religieux.

Après cette période :
Pour soutenir le pape et relancer l’économie, notre Roi Léopold II (roi bâtisseur) décide de lancer une campagne de grands travaux en érigeant de nouvelles églises à la gloire de Dieu dans nos petits villages.
La majorité des églises que l’on connaît aujourd’hui datent de ces années.
A Sommerain, une petite église était implantée dans le cimetière et en 1887, on construit une nouvelle et majestueuse église pour 26.000 FB.
Brisy possède également une petite église construite en 1905 qui a coûté 17.000 FB, celle que l’on connaît aujourd’hui.

Croix de mission à Sommerain
Erigée après 1873
La mission dure au moins une semaine.
Le missionnaire chargé de la mission se présente avec un Christ en bronze (fabriqué à Lyon). Les paroissiens cotisent pour payer ce Christ. Ils doivent aussi confectionner la croix en bois, y déposer le Christ et la mettre en place.
Servais HUET (1822-1889) donne le bois de construction pour confectionner cette croix. Il décède le 5 novembre à l’âge de 66 ans.
Par la suite, les habitants de Sommerain ont appelé cette croix, non pas la croix de mission mais la croix Servaille en mémoire de Servais HUET. On retrouve là l’esprit rebelle  et taquin, mais gentil des Sommerinois.
Son père, Marc HUET, est originaire de Les tailles et épouse Anne Catherine DEUMER en 1815. Ils habitent la maison DEUMER (actuelle maison Cara Deroitte). Marc a deux filles et deux fils : Servais et Antoine. Ce dernier a eu 11 enfants, il a construit la bergerie du Mont de Gorhé.  
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5. Croix Wilmotte Pierre-Joseph (dit Pierre), église de Brisy


Le 19 novembre 2022

Cette pierre funéraire se redécouvre aujourd’hui et j’en suis très heureux.

Elle symbolise l’incarnation des âmes et la vie du couple de Pierre Joseph Wilmotte et son épouse.

Pierre-Joseph Wilmotte (dit Pierre), né à Brisy le 24 décembre 1754, était l’aîné d’une famille de cinq enfants. Il est décédé le 16 avril 1842 à l’âge de 87 ans.

Son épouse Anne Elisabeth Pauly, née à Fontenaille en 1756, décède à Brisy le 18 avril 1840 à l’âge de 84 ans.

Ils eurent trois enfants : un fils Hubert- Joseph (1792-1866) et deux filles : Anne-Marguerite, née en 1789 et Anne-Joseph, née en 1796.

C’est un descendant de ce fils Hubert-Joseph qui a fait don au clergé du terrain sur lequel sera construite la nouvelle église Sainte Lucie inaugurée en 1905.

Quant à l’ancienne église (chapelle) Saint Servais, située entre les fermes Lafalize et Melchior, elle datait de 1712 et fut agrandie en 1810. La famille Wilmotte a également fait don du terrain pour cette construction.

Revenons à cette pierre funéraire, elle a été entreposée à même le sol derrière l’ancienne ferme Wilmotte durant environ un siècle. Elle retrouve aujourd’hui une fonction historique de mémoire. Ceci grâce au don de Raymonde Jacqmin et à l’initiative de quelques bénévoles locaux . Nous les remercions chaleureusement.

Que cette action d’hommage à nos ancêtres apporte paix et bonheur à tous !

Charles Wilmotte

- Concernant l'historique de l'église de Brisy, vous trouverez des détails complémentaires ci-dessus, voir paragraphe 4, "Avant cette période" et "Après cette période". 

- La famille Wilmotte-Pauly est répertoriée sur ce blog en rubrique "Famille 2 Wilmotte-Pauly


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